Récit de
julien kurtzemann
sur
18/10/2015 - Marathon de Vannes - Vannes - 42.195km

Préambule :

Pour bien comprendre l'intérêt exact de ce marathon il faut revenir pile 1 an en arrière sur mon tout 1er marathon, à Vannes donc . D'ailleurs je ne l'ai jamais commenté ce marathon car trop déçu de ma perf !

En effet après une préparation sérieuse, un programme sur 12 semaines, avec un Auray-Vannes inclus assez raté en 1H29 , certes chaleur et vent , mais bref tout était assez mal parti . Je n'avais fait je crois qu'une séance de plus de 2 heures, c'était mon seul regret, ne pas avoir fait peut-être de séances assez longues , mais bon j'étais assez confiant d'autant que je visais un chrono modeste pour débuter, 3h08 soit 13,5 km/h. ET j'ai lamentablement échoué, esseulé, j'ai craqué dès le 30ème km et ai fini en 3h20, très déçu de ne pas au moins passer sous les 3h15 première barre intéressante . Bref la douleur après tant d'entrainement pour un chrono si décevant .. et déjà je ne voulais plus faire de marathon . Puis quelques jours plus tard, la déception passée, je décidais de me redonner une chance mais pas tout de suite, dans 1 an, sur le même marathon ! Certes il n'est pas réputé rapide, car 30% de sentiers, un peu de dénivelé, 2 fois le même tour ... mais c'est Vannes et je veux d'abord assurer là avant de tenter ailleurs !

Mais c'était sans compter sur une année bizarre, moitié galère moitié exceptionnelle ! D'abord 1 mois après le marathon, une douleur au mollet fait que je mets un terme à ma saison, et ce jusqu'à Noël où je refais quelques sorties dans la neige avec Gildas, mais avec toujours cette petite douleur . Je décide finalement de courir par dessus et ça finit par passer, et j'attaque avec Plouhinec en février, et je m'en sors pas si mal, certes à 4min de mon record mais je bats Charles et m’offre de bonnes sensations sur la plage ! Motivant, et motivé je le suis pour retenter le 30km d'Arradon, cette fois non plus en 5min au km comme mon 1er 30km 1 an auparavant, mais en 4'26 ( je ne sais plus si c'est ce que je m'étais fixé , possible ! ) . Mais je me rappelais mal du parcours, et ayant eu de la pluie quelques jours avant, j'ai opté pour des chaussures trails, grave erreur car il est presque à 50% route ... mollets raides au bout de 20km ! Mais ça passe . Je me lance alors sur le semi de Brière, avec pour objectif faire moins d'1h25 pour avoir un dossard préférentiel à Auray-Vannes . Mais là je souffre terriblement, j'amène Charles sur de bonnes bases mais moi je craque au bout de 12 km, et complètement après 16km ! L'horreur comme sur mes pires semis ... bref le doute revient déjà ! J'enchaine cependant très vite sur un petit trail, pour aller faire de la pub pour mon nouveau site runners56, et j'ai de bonnes sensations, et trop content quand même de recourir sans blessures ! 15 jours après, 28km d'Arzon . J'avais adoré cette course l'an dernier, et j'ai envie de faire mieux . Je réussis alors une perf inattendue de 5ème qui me donne une confiance en moi comme rarement ! J'enchaine avec Berric parce que j'en ai trop entendu parler pour ne pas l'essayer, d'autant que je suis bien classé au challenge golfe trail tour . Je fais une place honorable encore. En plein boum je me lance dans Pluneret avec l'erreur d'aiguillage alors que je suis 9ème ! Là gros coup de massue ... mais bon je peux courir là est l'essentiel ! Je me fais les pirates de Kerhervy, magnifique parcours, bonne place, mais mal au mollet à l'issue de cette course ... puis Séné, et la 4ème place . Puis ... puis, l'apparition 10 jours après Séné, de périostites, douleurs aux tibias ! Bon là je me calme, je me dis que j'ai juste abusé de courses .... j'arrête 15 jours . Mais dans le même temps je m'inscris au marathon de Vannes, je reste confiant . Je reprends l'entrainement début juin à Royan, car la ronde des Douaniers, l'autre objectif de l'année, approche à grands pas . Mais là, alors que la periostite s'est bien calmée, une douleur, au 2 mollets, totalement inédite et à ce jour toujours inepliquée, m'empêche littéralement de courir ! C'est extrêmement frustrant, je crains le syndrôme des loges . Je suis forfait pour la ronde ... dégoûté je vais la suivre à vélo ... et plus que jamais je sens que j'aurais eu un rôle sympa à jouer, peut-être dans les 10 premiers ... Juillet se passe et toujours mal . Fin juillet à Penvins je tente quelques sorties, ça passe pas trop mal sur route . Mais une séance dans le sable me réveille le mollet gauche plus fort que jamais, obligé de finir en marchant et en boîtant ! je fais mon échographie mais rien bien sûr ... Une fois que je ne sens plus rien, je recommence des sorties tranquilles de 40 minutes. Ca passe tant que c'est sur route . Donc je continue ... vers le 20 août, je commence à tenter des séances plus poussées, vma et spécifique . Il est déjà trop tard pour un programme de 12 semaines comme l'an dernier pour le marathon, surtout que je n'ai aucun acquis, presque pas couru de l'été ! Pour moi je suis déjà forfait pour Auray-Vannes et le marathon , mais bon on va voir ... Le mollet ne fait plus trop mal, mais les périostites parfois se réveillent, ainsi qu'une espèce de pubalgie qui promet d'être mon futur gros problème ... bref arrive le jour d'Auray-Vannes . Je me dis bon, allez ok, tentons le tout pour le tout, prenons-le comme une séance longue pour marathon, les 2 premiers tiers à allure marathon 4'15, et le reste à allure libre . Moi je me dis le faire à allure marathon soit en 1h30 ça serait déjà énorme, et le mollet tiendra-t-il si longtemps si vite ? Je suis à 90% sûr que non, et ça fait bien rire autour de moi quand au final je réussis une assez belle perf ! En effet arrivé au 15ème km je suis en un peu moins de 4'15 de moyenne, et je me sens des ailes pour accélérer ! Et j'accélère, et je gagne du temps, et je rattrape même Charles et ça me surmotive pour la fin, et je fais finalement 1h27'17, mon meilleur chrono depuis 3 ans sur semi ! Dans un état génial, euphorisant, de negative split ! Je suis reboosté à mort pour faire le marathon !! Alors que la veille j'étais quasi sûr d'y renoncer dès la fin d'Auray-Vannes ! Il me reste donc 5 semaines pour vraiment le préparer, et je m'y mets sérieusement, surtout les séances longues qui m'ont sans doute manqué l'an dernier, ainsi qu'un peu de muscu ... Tout va pour le mieux, je n'ai plus mal nulle part sauf la pubalgie . Je vais assister aux foulées de Kerozer le 28/9, et ça me donne envie de courir, je pars faire un 3x2km à Kerozer . Assez bonne forme ... mais , et je ne sais toujours pas pourquoi, je me retrouve avec une sorte d'entorse à la cheville à l'issue de cette séance !! Bon tant pis je fais ma séance longue suivante quand même, mais aïe à la fin j'ai vraiment très mal et je dois m'arrêter quelques jours . A 3 semaines du marathon, pas le moment ... et pourtant. Je ne cours plus que 2 ou 3 fois par semaine, et là, pire que tout, l'arrivée d'une périostite à gauche, tout nouvelle, très douloureuse, je manque d'abandonner une séance longue dès les 1ers hectomètres mais finalement je la ferai en entier dans la souffrance ! Ca devient mon souci numéro 1, en + de l'entorse qui réapparaît après chaque grosse séance, mais ça paraît gérable ça, par contre la douleur de la périostite je ne vois pas comment le supporter tout un marathon . Tout est encore remis en question à 15 jours de l'échéance . Et surtout je perds ma confiance car 3 séances sur les 15 derniers jours, comment avoir la caisse suffisante !! A plusieurs reprises dans la semaine qui précède le marathon, j'ai le téléphone en main pour prendre rdv avec le doc et pouvoir profiter de mon assurance annulation . J'ai aussi mis en vente mon dossard sur internet ... faute de preneur, je vais tenter ... Je me fixe plusieurs limites d'abandon, pour ne pas compromettre la suite pour rien ... Si périostite trop forte, arrêter . Si le chrono est trop tôt en pass d’être mauvais, pas la peine de persévérer pour ne même pas battre mon record . Allez je me dis même que si je suis en passe de faire plus de 3h15, j'abandonne . J'ai tous les chronos et vitesses moyennes en tête et avec le gps c'est facile .

Bref arrive le jour J, je n'ai pas couru depuis le lundi précédent, une dernière séance longue, peut-être un peu trop rapprochée mais bon elle faisait suite à un grand néant ! J'ai l'impression que ça a un peu calmé la périostite, c'était le but ! Je mets des bandages à chaque tibia comme vu sur internet ... aide au moins psychologique ! Peu importe mes entrainements et douleurs, je garde mon objectif de l'année, 4'15 au km soit les bases de 3h environ . Je ne compte pas les tenir, mais au moins je me dis que si je craque au même endroit que l'an dernier, il me restera des chances de finir en 3h15 dans la souffrance ! J'ai tenu en 4'15 pendant 29km à séné ! Donc allez je peux le faire, tenir 30km et voir .... Maxime Crépel ex-collègue de club fait partie des 2 meneurs d'allure 3h (il a fait 2h48 à Paris ) . Moi je m'étais promis de ne pas suivre bêtement les meneurs, mais de me mettre un tout petit peu devant et de ne me fier qu'à mon gps .


Mais il part plus vite que prévu, et moi sagement je reste un peu derrière, je suis ma montre, je vais même un peu trop vite aussi mais je suis 50m derrière eux ! Je réalise à un moment que comme l'an dernier, le gps a un décalage grandissant avec les km au sol . Donc je me crois en 4'14 mais finalement ça fait plutôt du 4'16 de moyenne . Les meneurs ont finalement un train plus proche des 3H que moi, rien de très grave, je ne vise pas 3H de toute façon . juste un rythme régulier autour de 4'15 le plus longtemps possible . Je suis avec Stéphanie le Floch sur les 1ers km, elle qui m'avait dit vouloir partir sur du 4'20 ; 4'25 , ça n'a plus l'air d'être le cas !! Bon vers le 7/8ème km je commence à recoller un peu au groupe qui suit les meneurs d'allure. Au port je prends les gels que Lucie me donne fièrement. Je bois bien je mange bien . Quand je n'ai plus de gels je prends glucose et eau à chaque ravitaillement .

Problème , dès le 10ème km, je sens ... non aucune de mes douleurs au tibias, rien au mollet, d'ailleurs la douleur au mollet n''est jamais réapparue depuis auray-vannes !! mais par contre la pubalgie est gênante très vite, et surtout j'ai déjà les grosses cuisses, après 10 Km !!



Là encore je me mets à réfléchir à quand décider d'abandonner, si au semi j'ai des cuisses grillées à quoi ça sert de tenter le diable ... Et c'est justement vers le semi que je rejoins vraiment le groupe des 3h . Le 2ème des 2 meneurs s'est laissé un peu décroché car il sait qu'ils ont un peu d'avance sur 3h. Il m'encourage, me motive un peu. Moi j'ai mal au cuisses je me dis que c'est fini ... la descente vers le port, douloureuse, vivement que ça remonte . Je rate à moitié Sophie, je la vois trop tard pour prendre un gel, bon tant pis je boirai du glucose ... 23/24 km . La douleur au cuisses reste un peu la même depuis le 10ème km ... bon je continue, tout en pensant que quand je vais exploser au 30ème ça va faire TRES mal ! Bernard le 2ème meneur me motive bien, on discute, je lui explique que je sais que je vais craquer mais que je ne vise pas 3H . Je lui dis espérer tenir 30km avec eux, et tout en discutant, on s'en rapproche ... il me soutient bien, je me remets vraiment au creux du groupe pas loin de Maxime qui mène . J'ai les cuisses lourdes et je suis surpris de voir que malgré ça, tourner en 4'15 reste assez facile, surtout en groupe !! Les meneurs d'allure c'est finalement bien pratique ! On arrive au port, 32km, la fatigue arrive mais je tiens encore, je prends un dernier gel à Lulu ... allez essaie de tenir encore un peu ! Il y a un an , j’étais déjà en détresse là, mais pour l'instant, je tiens encore ... et j'ai 5 bonnes minutes d'avance . Bernard me dit allez tu vois que tu tiens, c'est vrai, je me prends même à rêver que ça puisse tenir jusqu'au bout, protégé dans ce petit groupe . Mais au 35ème, le fameux mur, ça se décante, pas d'un coup, mais on voit que le groupe s'effrite ... moi un des 1ers je lâche prise, 10m, 20m . Bernard me double et me dit Allez Julien mais il a bien compris que c'était fini pour moi, il repart assurer son allure ... mais il ne reste "que" 7km, certes dans ces conditions c'est énorme, mais pour sûr maintenant j'ai mon record au bout, car ça me paraît impossible de craquer autant que l'an dernier ( avec 2 km à 10 l’heure ! ) ? J'arrive tant bien que mal à être encore en 4'45 . Le souffle est encore bon, les jambes ne répondent plus, les cuisses surtout . C'est dur très dur mais de voir que je reste à plus de 12 à l'heure sauf au 41ème km ça me rassure ! Je ne sais plus trop quel chrono je suis en train de faire car le décalage gps / km au sol est de quasi 500 mètres . je vois que ma moyenne baisse, mais lentement, 4'16...4'17 ... je sais que 4'26 comme je visais l'an dernier m'amènerait à 3h08, je me dis donc que je vais sans doute réussir sous les 3h10, très bien !! Mais il faut ajouter sans doute un peu à cause du décalage .. ? j'arrive sur la piste, mort, et j'entends que la 2ème femme arrive, elle m'a doublé 2km avant, et ils l'annoncent en moins de 3h04 , du moins je crois entendre ? je fais un signe rageur au photographe à 100M de l'arrivée en me disant ouah je vais faire moins de 3h05 peut-être ? je sprinte presque si l'on peut dire ( je n'ai en fait pas le chrono de la course sur ma montre car je n'ai mis que des affichages de vitesses moyennes ) et là je vois sur le panneau défiler les secondes sous les 3h04 !! OUI excellent, vraiment mieux que tout ce que je pouvais espérer surtout ces derniers jours !! 3h03min47sec à mon chrono ! J'en pleure à l'arrivée ! Quelle différence avec l'an dernier ! Et une seule envie sans réfléchir à l'horrible douleur des 7 derniers km : tenter un jour les 3h , en suivant des meneurs d'allure peut-être car finalement ça facilite bien les choses ? oui mais après il faut être capable de les semer ... ! En tout cas plus que jamais 4'15 m'a paru simple à tenir du moins sur 30km, vraiment un rythme de croisière . Alors il faut que je me mette à viser quelque chose comme 4'10 de moyenne, d'abord sur quelques 30km comme Arradon ou Arzon, et puis voir comment ça passe, et me trouver un marathon où un record est possible, mais plus Vannes, plus 2 tours identiques, et plus de sentiers . Il me faut un parcours optimisé pour un record . Peut-être Tours l'an prochain, ou Rennes... ! Même si je n'ai pas du tout l'intention de faire du marathon un spécialité ni une obsession car cette douleur est quand même loin de ce que j'aime dans la course à pieds !! Quelle drôle d'année, et pour mes 2 dernières courses, auray-vannes et le marathon, à peu près le même scénario, 100 blessures potentielles et finalement aucune qui ne se déclare réellement durant les courses !

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